VOUS CONNAISSEZ LOUISE MICHEL ?


Textes de Louise Michel

Interprétation, chant, accordéon : Claudie Guillot

Durée du spectacle : 1h15

 

Quand on décide de lire les écrits de Louise Michel, on s'attend volontiers à découvrir une femme austère, militante féministe dure, âpre, aiguisée, une sorte de harpie en somme. On découvre vite le contraire ; Louise Michel est gaie, drôle, curieuse, séduisante, vive, brillante.

Ceux qui l'ont connue parlent sans cesse de son âme charitable, de sa bienveillance, de son charme en plus de son combat sans relâche contre toutes les formes de tyrannie infligées aux plus faibles.

Louise Michel est une lumière au milieu des ombres.

 

L'artiste est là aujourd'hui pour en témoigner et transmettre cette énergie extraordinaire qui l'a animée jusqu'au dernier souffle, cette force, cette conviction profonde que l'avenir des hommes et des femmes est entre leurs mains, que les combats ne sont jamais vains et qu'il importe peu qu'ils profitent seulement aux générations futures.

 

Vous connaissez Louise Michel ? est un spectacle solo, au dispositif léger, modulable, bâti d'extraits choisis des mémoires de Louise Michel. On y entend ses réflexions sur la vie, sur la société, sur l'éducation, sur le pouvoir, sur la politique mais  on y découvre aussi sa personnalité lumineuse, son empathie, son insatiable plaisir à apprendre, à transmettre son amour du Vivant.

 

Le spectacle est agrémenté de chansons  : Amusez-vous les fillesLa femme libreLa semaine sanglanteLe temps des cerisesFilles d'ouvriers, comme témoins remarquables de cette époque de mutation profonde, à savoir la fondation du régime républicain.

 


Extraits...

       A chaque évènement dans la famille, ma grand-mère en écrivait la relation sous forme de vers, dans deux recueils de gros papier cartonnés en rouge. Mon grand-père y avait ajouté quelques pages, et moi-même, encore enfant, j’osai y commencer une Histoire universelle, parce que celle de Bossuet (A monseigneur de Dauphin) m’ennuyait prodigieusement. Hélas ! Il devait se trouver de fameuses âneries dans mon travail ; j’avais consulté assez de livres infaillibles pour cela mais on me donna quelques volumes de Voltaire (…)

 

Ceux qui m’avaient demandée en mariage m’auraient été aussi chers comme frères que je les trouvais impossibles comme maris ; dire pourquoi je n’en sais rien ; comme toutes les femmes, je plaçais mon rêve très haut et, outre la nécessité de rester libre pour l’époque de la lutte suprême, j’ai toujours regardé comme une prostitution toute union sans amour (…) Deux êtres ridicules qui se suivaient comme des oies ou des spectres (il y avait de l’un et de l’autre) m’avaient l’un après l’autre, demandée à mes grands-parents dès l’âge de douze à treize ans (…)

 

Celles qui, sous l’Empire, jeunes institutrices ou se préparant à le devenir, étaient avides de ce savoir dont les femmes n’ont que ce qu’elles ravissent de côté et d’autre, venaient rue Haute-feuille s’assoiffer encore de science et de liberté (…) Il me souvient d’un soir où, ayant un grand manteau qui m’enveloppait complètement, une sorte de large chapeau de peluche qui faisait beaucoup d’ombre sur le visage et des bottines neuves (du temple) dont, je ne sais pourquoi, les talons sonnent très fort, je retournais à pied assez tard. On parlait beaucoup d’attaques nocturnes dans les journaux et un bon bourgeois qui entendait sonner mes bottines et ne distinguait pas, sans doute, la forme noire qui venait de son côté, se mit à trotter avec une telle frayeur que j’eus l’idée de le suivre un peu de temps pour le bien effaroucher (…)